Plan
L'ego ou la réactivité à une émotion négative
Le processus de prise de pouvoir de l'ego
Exemple pratique
La transformation de l'émotion
Conclusion
1. L'ego ou la réactivité à une émotion négative
Nous avons vu, dans Qu'est-ce que l'ego ? et L'identification à l'ego engendre la souffrance, ce que signifiait ce concept et comment cet ego affecte nos vies.
En résumé, l'ego, cette représentation que nous créons de nous-mêmes, nous "pourrit" la vie en nous empêchant d'écouter notre âme, alors même qu'on est inconscient de son existence et de son fonctionnement. On croit tenir les rennes de notre vie, alors qu'elle est dirigée par nos croyances et les représentations que nous avons de nous-même. On croit être cet ego, on y est même très attachés. On pense être comme ci ou comme ça, mais cette ego est un faux ami, puisqu'il nous fait en réalité souffrir.
Mais comment repérer ce faux ami ? Comment sentir sa présence ? Eh bien, c'est assez simple finalement : l'ego intervient lorsqu'on se sent mal et qu'on veut éviter cette souffrance. Il va alors nous faire agir en nous faisant croire que ça va nous faire aller mieux, alors qu'en fait…. Ça ne fait qu'empirer les choses.
Nous avons vu que l'ego agit pour nous protéger de ressentir nos blessures d'âme.
Il est aussi dans les parages lorsque nous devons faire des choix et que nous sommes ambivalents : l'âme sait très bien, mais l'ego désire des choses, en lien avec les blessures de l'âme qu'il veut ignorer (ex : un manque d'amour pour soi entraîne un besoin de reconnaissance qui parfois fausse nos choix).
Quelles sont donc les différentes situations dans lesquelles l'ego est à l'oeuvre ?
Eh bien en fait, l'ego peut être présent dans toute situation!
Par exemple, quand on fait un choix : si on est bien connecté à son âme, aucun problème ! L'âme nous montre ce qu'elle veut et nous savons très bien choisir. Mais quand on est pas assez connecté, quand il y a des conflits qui sont sous-jacents au choix, conflits intrapsychiques liés aux croyances que l'on a sur soi-même (notre ego), alors un choix simple peut se transformer en casse tête.
On démasque l'ego, dans toute situation, lorsque :
on a un sentiment de malaise, de souffrance, de peur
quand on à une tendance à la possessivité « c'est mon club de lecture », « tu es ma copine», « c'est mon idée », à être l'opposé d'altruiste, c'est-à-dire égoïste
quand on a une tendance à être beaucoup dans le « moi, je » et le « lui, il » (le jugement): moi je suis quelqu'un de bien, il est tout le temps inadéquat
Quand notre ego devient hyperactif en utilisant notre mental car il tente de tout contrôler : la peur conduit l'ego à analyser à outrance tous les paramètres de la situation, et il n'écoute pas l'élan naturel de la personne mais au contraire va le brider. Il nous conduit à nous déconnecter des sensations du corps et à rester uniquement dans une construction mentale. Ex : retourner dans tous les sens les raisons potentielles du comportement de Marc au lieu de lui poser la question (ce que mon âme me murmure de faire).
A chaque fois que l'on est pas dans l'amour, c'est qu'on est dans l'ego. Ca peut être envers soi ou envers les autres. Mais attention, être dans l'amour ne signifie pas ne pas avoir d'émotions négatives. C'est accepter avec amour toutes les émotions que nous avons, car elles sont toutes des messages de notre âme.
2. Le processus de prise de pouvoir de l'ego
J'ai une émotion
Je ne suis pas connectée, je n'ai pas assez d'amour pour accueillir et accepter cette émotion
Elle m'envahi mais paradoxalement je ne la vois pas, je suis submergée par cette vague émotionnelle mais je ne l'accepte pas
L'EGO vient à la rescousse avec des pensées de refus de l'émotion et engendre un
comportement impulsif NON-AMOUR
Conséquence : je me sens 3 fois plus mal que si j'avais eu assez d'amour pour accepter ma vulnérabilité et accueillir ma douleur
De manière générale, l'ego intervient lorsqu'on souffre mais qu'on accueille pas cette souffrance.
Sans entraînement, on ne le voit pas. On est juste dans la réactivité.
Mais plus on travaille sur soi, plus on arrive à remarquer que «là, il y a quelque chose qui vibre réactivité». La réactivité, c'est une énergie difficile à décrire, une sorte de stress interne qui nous pousse à agir impulsivement car ce qu'on vit est intolérable, ou difficilement tolérable.
Chez les gens qui sont au début de leur cheminement vers un élargissement de conscience, la souffrance est souvent tellement intolérable qu'il est très difficile de pouvoir de voir et stopper l'ego avant qu'il ne réagisse.
Mais avec l'entraînement, on y arrive progressivement : on arrive à sentir la réactivité, nommer la blessure, et même si ça demande un très gros effort, on arrive à l'accueillir, vivre l'émotion, ce qui va permettre de la transformer, de la transcender.
3. Exemple pratique
Il me paraît nécessaire de prendre un exemple pratique, car sinon toutes ces réflexions sont un peu difficiles à fixer.
Imaginons ce cas de figure :
Le copain de Salomé est en vacances. Elle est seule à la maison le samedi après-midi, car elle doit travailler sur ses cours. Elle a elle-même décidé de ne pas aller dehors alors que le temps est radieux, car il faut qu'elle travaille.
Elle n'a pas envie de travailler, elle se sent mal. Tout à coup, elle décide de l'appeler. Dans la discussion, il mentionne une vieille amie qu'il a rencontré en vacances par hasard, et avec qui il avait eu un flirt il y a très longtemps. Tout à coup, Salomé vire au rouge : « quoi, tu as rencontré Gertrude et tu as parlé avec elle en soirée ! Il y a eu quoi ? Elle sait que tu es avec MOI ? JE ne veux pas que tu la revoie !!». Ultra énervée, elle lui raccroche au nez. Elle se sent terriblement mal.
Dans cette situation, Salomé réagit impulsivement à sa blessure d'abandon. Analysons cette situation de plus près.
Déjà, nous voyons qu'elle n'est pas connectée car elle ne s'écoute pas, elle n'écoute pas l'envie de son âme qui est d'aller dehors. Sans doutes que si elle s'était écoutée elle aurait peut-être eu la motivation d'étudier le lendemain, car elle aurait eu le temps libre dont son corps et son âme ont besoin. Mais là, elle se force. De base, on relève donc qu'elle est dans le contrôle.
Elle est seule et se sent mal. La blessure d'abandon est l'une des plus douloureuses, après celle de rejet. On ressent une sorte de trou dans le ventre ou la poitrine. Le fait qu'elle se sente mal n'est pas dû à l'ego, mais à sa blessure d'âme. La situation dans laquelle Salomé s'est mise la conduit à ressentir cette blessure d'abandon car elle s'abandonne elle-même dans cette situation, elle abandonne son âme qui lui dit qu'elle a envie d'être dehors.
L'ego intervient dans le but de la protéger de ressentir la douleur de sa blessure. Voici comment :
Elle agit impulsivement : elle appelle son copain. C'est la réactivité qui fait cela. Au lieu de reconnaître sa blessure et de la traiter elle-même, elle porte son masque du dépendant et appelle l'autre à l'aide.
La deuxième fois qu'elle est dans la réactivité, c'est lors de sa réaction à la menace potentielle de Gertrude : si Salomé était dans l'amour et non dans une conscience limitée, elle saurait que ce n'est pas parce que son copain croise une ex qu'elle doit se sentir menacée. Si elle était en amour pour elle-même, même si elle ressent une petite pique de peur, de jalousie, elle saurait la reconnaître et voir qu'elle n'est pas réelle. Mais là, elle est à fond dans la réactivité : elle se laisse déborder par l'émotion sans que le message de son âme puisse être compris, elle passe à l'acte au lieu d'écouter le message: c'est à cause de l'ego qui prend le contrôle de sa pensée en lui disant « il ne m'aime pas, j'en suis sûre » et la conduit à agir de manière violente en criant et en coupant le contact.
4. La transformation de l'émotion
Reprenons le même exemple lorsque Salomé arrive à voir son ego et arrive à se défaire de la réactivité et à se reconnecter à son âme.
Le copain de Salomé est en vacances. Elle est seule à la maison le samedi après-midi, car elle doit étudier. Pratiquant la méditation depuis quelques temps, Salomé se rend compte de son état et se dit « mmmh, je ne me sens pas très bien, je ne suis pas connectée, là. Qu'est-ce dont j'ai vraiment envie ? Allez faire un tour dehors ? Go ! ».
Elle va se promener et se sent mieux, elle a écouté le besoin de son âme. Elle pense à son copain, Marc, qui lui manque et l'appelle. Dans la discussion, il mentionne une vieille amie qu'il a rencontré en vacances par hasard, et avec qui il avait eu un flirt il y a très longtemps. Au premier abord, Salomé sent une petite pique de jalousie et voit passer la pensée « peut-être qu'il est toujours attirée par elle ». Elle observe qu'elle se sent mal et se sent tout à coup qu'elle se met une distance entre elle et son copain. Elle verbalise son émotion en lui disant « écoute, là je sens que ce que tu me dis m’agace. Je ressens une sorte de pique dans le ventre. Je crois que c'est ma blessure d'abandon. Je me sens triste et un peu seule aujourd'hui ». Marc la remercie de lui partager son ressenti, parce qu'il sait à quel point c'est un point sensible pour Salomé. Il la rassure en lui disant que oui, il a été attiré par Gertrude par le passé, mais que Salomé est celle qu'il aime et qu'il veut être avec elle seulement.
Salomé, qui a une grande blessure d'abandon, verbalise qu'elle a du mal à le croire, mais qu'elle sait que c'est à cause de sa blessure. Elle propose de le rappeler après avoir pris un moment pour vivre son émotion. Ce qu'elle fait : elle s'assied en méditation, allume sa bougie, et commence à pleurer.
Elle accueille cette émotion et ça fait du bien qu'elle sorte. Elle observe la pensée « il est sûrement attirée par elle », et au fond, elle décide qu'elle n'y croit plus. Et puis, l'émotion passe.
Salomé se sent mieux, elle a laissé son âme s'exprimer. Son âme avait besoin de lui montrer qu'elle doit faire attention à ne pas s'abandonner elle-même, qu'elle doit toujours écouter son émotion, la prendre en compte et la valoriser : elle avait besoin d'être rassurée, et elle a pu verbaliser ce besoin à Marc, mais au fond surtout à elle-même.
Elle comprend que si elle se sent mal, c'est au fond parce qu'elle n'a pas parfois pas confiance en elle, en le fait que Marc l'aime et qu'il ne va pas l'abandonner. Si elle est dans l'amour, Salomé voit clair et sait que c'est elle (son ego) qui crée cette peur de l'abandon. Après avoir écouté ce que son âme lui montrait, c'est-à-dire la présence de sa blessure d'abandon dont elle doit s'occuper, Salomé se sent mieux. Elle décide de se donner un peu plus d'amour, et transforme ses pensées en se disant qu'elle est une fille géniale et que Marc a de la chance de l'avoir.
Elle s'est reconnectée à l'amour. Elle rappelle Marc et lui dit que c'est bon, elle a réussi à surfer la vague de son émotion.
Dans cet exemple, nous voyons que reconnaître quand son ego est à l'oeuvre n'est pas chose facile.
Il y a plusieurs choses à retenir :
1) Reconnaître quand l'ego tente de prendre les rennes : observation des émotions et des pensées
devenir conscient de ce qu'il se passe à l'intérieur pour pouvoir agir dessus est un travail au quotidien, et la méditation aide beaucoup
écouter son corps permet de reconnaître ses émotions
les verbaliser permet d'en prendre conscience complètement et de ne pas laisser l'ego passer directement à l'action.
Observer ses pensées est fondamental : on les voit parfois après les émotions, parfois avant, cela dépend de l'intensité de ces dernières. Il faut les voir, comme si il y avait des petits mots qui flottaient à l'intérieur de notre tête. Et surtout, prendre conscience que ce ne sont que des pensées. Elles ne sont pas la vérité. Elles sont ma création.
L'observation conjointe des pensées et des émotions permet de comprendre la blessure qu'on est en train de vivre, et le verbaliser est ce qui permet souvent de prendre de la distance. Une fois que l'on a repéré son égo qui essaie de nous faire réagir, on peut s'occuper de la blessure.
2) Vivre son émotion : accepter sa blessure d'âme
Lorsque l'on verbalise qu'on se sent blessé, c'est qu'on admet être vulnérable et imparfait. Accepter son ombre, dans ce processus d'éveil, c'est vraiment un pas très important. Très difficile aussi, mais indispensable. En effet, plus on se cache que l'on a des « défauts », des peurs parfois irrationnelles, plus ces défauts vont nous agir à notre insu sans qu'on en soit conscient. Donc accepter d'être vulnérable et de le dire à l'autre, c'est essentiel.
Ensuite, il s'agit de laisser monter les images et les pensées qui vous permettent de déterminer de quel conflit il s'agit. S'agit-il d'une peur liée à l'abandon, au rejet ? Que ressentez-vous ? Quelle est la vérité, que ce joue-t-il réellement dans ce que vous vivez ? Cette étape demande une grande sincérité envers soi et le courage, aussi, de se regarder tel qu'on est. (précision: il n'est pas forcément nécessaire de dire si c'est de l'abandon ou du rejet, c'est une théorie parmi d'autres qui utilise ce langage, elle peut aider certains et d'autres utiliseront un autre vocabulaire. L'important, c'est d'écouter avec sincérité).
Je précise qu'il ne s'agit pas forcément d'analyser, mais de laisser être. Laisser venir les pensées, laisser venir les images, et les ressentis corporels, les émotions, qui vont avec, et les laisser être vécues. Au contraire du laisser être qui se passe avec le corps, l'analyse, qui passe par le mental, peut être parfois délétère.
Laisser être demande d'accueillir avec amour le fait que vous souffrez. C'est cela, être amour avec soi-même. L'amour que vous aurez pour vous-même vous aidera à vivre ces émotions, qui, finalement, ne seront pas si désagréables à vivre. Qui n'a pas déjà remarqué que pleurer un bon coup c'est parfois très appréciable ? Eh bien, parce qu'il n'y a pas de bonne ou de mauvaise émotion. Les émotions sont des expériences à vivre, des messages de notre âme. Si on ne les vit pas, on loupe l'information et l'apprentissage qui va avec.
Finalement, le fait de les vivre fait que ces énergies vont tout simplement passer. Et je vous le dis par expérience, si on accueille l'émotion et qu'on la vit, elle disparaît et on a compris quelque chose. Si on la refoule, qu'on ne se laisse pas la vivre, alors elle va se loger dans le corps pour exploser un peu plus tard ou créer des maladies.
5. Conclusion
En conclusion, cet article avait pour but de vous aider à intégrer ce qu'implique le concept d'ego au niveau pratique. Comprendre ce qu'est l'ego, c'est comprendre que la souffrance est liées aux croyances que nous portons sur nous-mêmes et sur le monde, qui sont limitantes. Ces croyances nous empêchent d'accueillir avec amour les expériences que nous sommes amenées à vivre. Ces expériences sont là pour nous apprendre quelque chose.
Vivre son émotion, c'est comme accepter de recevoir une leçon de son âme : elle nous montre qu'il y a quelque chose, dans la situation, qui doit être vu et compris. Apprendre à prendre conscience des moments où l'ego prends les rennes, c'est apprendre à devenir libre.
Devenir libre de ne pas l'écouter pour plutôt écouter le message de son âme, qui va nous amener à changer la situation qui nous fait souffrir en une situation qui convient à notre âme.
L'exemple que j'ai pris est un exemple de problème relationnel lié à l'ego. Comme nous l'avons vu dans L'identification à l'ego engendre la souffrance, l'ego ne nous empêche pas seulement d'être amour dans nos relations aux autres, mais aussi envers nous même et aussi concernant notre cadeau au monde. L'ego empêche de recevoir les messages de l'âme, quelle que soit la situation. A vous d'apprendre à le reconnaître et à ressentir quand c'est lui, ou quand c'est votre âme qui vous parle.
En espérant que cet article vous ait éclairé,
Ava en Vie
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